Autour de l’an mil, l’Europe occidentale connaît une période stable au cours de laquelle l’Église affirme son autorité face aux pouvoirs laïcs. Les églises et autres sanctuaires se développent notamment grâce au culte des reliques de saints qui prend une grande ampleur (pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle).
Dans ce contexte, Guillaume Ier, duc d’Aquitaine et comte d’Auvergne, fait don de terres à Cluny en 910 à l’abbé Bernon. Il demande que soit construit un monastère bénédictin placé sous l’unique protection du pape, et non d’un pouvoir séculier, ce qui constituera sa force et sa réussite : c’est la fondation de l’abbaye de Cluny.
L’abbaye croît rapidement et crée un immense réseau ecclésiastique centré sur l’abbaye principale (Cluny). À la fin du XIe siècle, Cluny est un centre spirituel et culturel de premier plan : elle compte plus d’un millier de dépendances (abbayes, prieurés) rassemblant plus de dix mille moines à travers toute l’Europe occidentale. Le succès de l’abbaye s’explique notamment par son indépendance vis-à-vis du pouvoir séculier et ses relations fortes avec la papauté.
Cependant, à partir des XIIe et XIIIe siècles, l’ordre clunisien entre dans un lent déclin. Au XIIe siècle, les moines clunisiens sont critiqués pour leur relâchement dans l’obéissance à la règle bénédictine, leur goût croissant pour le luxe et leur tendance à délaisser le travail manuel au profit des offices. Ces critiques suscitent de nouvelles vocations et l’apparition de nouveaux ordres prônant un suivi de la règle bénédictine plus rigoureux comme l’ordre cistercien. Au XIIIe siècle, alors que les ordres religieux contemplatifs (bénédictins, cisterciens) s’éloignent de plus en plus de leur vocation et que les villes connaissent un nouvel essor, de nombreux moines décident de quitter leur isolement pour s’installer dans des couvents en ville ou à proximité des villes pour être au contact de la population. Il s’agit de la naissance des ordres mendiants (franciscains, dominicains). Les « frères », et non plus les « moines », décident de vivre dans la pauvreté, de s’occuper des nécessiteux et participent également à l’enseignement religieux (renvoi couvent franciscain de Saint-Nizier-sous-Charlieu).
Affaiblie, l’abbaye de Cluny l’est encore davantage avec la mise en place du régime de la commende au début du XVIe siècle, la Réforme protestante et les guerres de Religion. Sans réussir à se réformer en profondeur, l’ordre clunisien disparaît en 1790 lors de la Révolution française.
Légende photo : Restitution de l'église Cluny III – © Clunypédia
Au Xe siècle, l’abbaye est rattachée à celle de Cluny par le Pape Jean VIII et transformée en prieuré au XIe siècle sous le vocable de Saint-Fortuné. Le prieur de Charlieu est choisi directement par l’abbé de Cluny. Ce dernier intervient pour les décisions importantes concernant le prieuré.
A partir du XIIe siècle et jusqu’au XVe siècle, le prieuré va connaitre un âge d’or.
Sous l’abbatiat d’Armand de Bourbon, Prince de Conti, de 1643 à 1654, l’Ordre de Cluny officialise la partition entre Ancienne et Etroite Observance. Les moines du prieuré de Charlieu n’ont pas souhaité un retour à la règle primitive et choisissent de se rattacher à l’Ancienne Observance pour pouvoir conserver leur mode de vie.
En 1788, les abbayes de l’Ancienne Observance sont fermées dont l’abbaye de Charlieu.
Depuis 2018 est engagée, par la Fédération Européenne des Sites Clunisiens, une candidature au classement au patrimoine mondial de l’UNESCO des sites clunisiens. L’objet de cette démarche est de faire reconnaître là la fois leur caractère remarquable et leur rôle historique dans la structuration sociale, économique, culturelle et politique de l’Europe.
105 sites de 9 pays se sont regroupés pour porter cette candidature, dont 6 dans la Loire :
l’abbaye de Charlieu, le prieuré de Pommiers-en-Forez, le prieuré d’Ambierle,
le prieuré de Sail-sous-Couzan, le prieuré de Pouilly-lès-Feurs
et celui de Rozier-Côtes-d’Aurec.
Les propriétaires de ces sites, et parmi eux le Département de la Loire, travaillent sur la constitution du dossier de candidature qui devra être accepté par l’Etat avant d’être présenté à l’UNESCO.
Ce projet est une formidable occasion de faire connaitre la richesse de l’histoire et du patrimoine ligérien, et de perpétuer le rôle social et culturel de ces lieux.