Architecture et décors de l'abbaye bénédictine
La partie romane
Les fondations des églises
De l’église prieurale, il ne reste aujourd’hui qu’une travée, l’édifice ayant servi de carrière de pierres après la Révolution. Les travaux archéologiques ont permis de mettre à jour les fondations des églises. La première église date du IXe siècle. C’est une église à nef unique couverte d’une charpente avec un chœur entouré d’un déambulatoire. Cette première église est transformée au Xe siècle couverte d’une voûte en pierre.
Au XIe siècle, une nouvelle église est construite légèrement décalée vers le nord. Elle possède une nef centrale flanquée de collatéraux à quatre travées et d’un transept. Son chœur est entouré d’absidioles axiales.
Les fondations sont classées au titre des Monuments Historiques en 1928.
Evolution de l’église © Braille et Culture
Portail du XIe siècle
Ce portail est un vestige encore visible de l’église du XIe siècle avec les travées des collatéraux nord et sud. Il abrite un décor sculpté daté des années 1090, représentant le Christ dans la mandorle au tympan et les douze apôtres au linteau.
La tour Philippe Auguste
Elle doit son nom au roi de France Philippe II Auguste qui fait fortifier le monastère au début de son règne en 1180. Cette tour majestueuse d’environ 21m de haut, dont les murs mesurent 2,25m d’épaisseur, se compose de cinq niveaux. C’est un élément essentiel du système de défense du monastère et de la ville.
Après avoir servi de prison au XVIIIe siècle, elle est déclarée Bien National en 1795 mais invendue. En 1884, le conseil municipal vote sa destruction afin d’ouvrir un boulevard. L’année suivante, son classement au titre des Monuments Historiques empêche sa destruction. La tour dite « Philippe-Auguste » est l’un des derniers témoins et le plus imposant des ouvrages militaires entrepris par Philippe Auguste, soucieux de défendre le passage vers la Loire à l'ouest.
La partie gothique
Le cloître
Le cloître tire son origine du mot “clôture”, qui désigne un espace fermé. Lieu de méditation, il est conçu comme un espace de communication entre toutes les salles du monastère. Celui de l’abbaye date de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. Transformé en hangars et dépôts au cours du XIXe siècle, il perd les arcades de sa galerie nord.
La salle capitulaire
La salle capitulaire, qui communique directement avec le cloître, est un lieu important de la vie monastique. Tous les moines s’y réunissent chaque matin pour lire et commenter un chapitre de la Règle de Saint-Benoît. La salle capitulaire de l’abbaye est remarquable. Ses voûtes en croisées d’ogives datent du début du XVIe siècle. Le lutrin qui accueillait la Règle est taillé directement dans le pilier central.
La chapelle
Attenante à la salle capitulaire, elle est, sans doute, l’ancienne chapelle Saint-Martin, existant avant l’arrivée des moines auxquels elle fut donnée vers 875. En l’état actuel, elle date de la fin du XVe siècle, époque où elle devient chapelle privée du prieur commendataire. Une portion-témoin du dallage d’origine a été conservée.
L’hôtel du prieur
L’hôtel du prieur, demeure seigneuriale des prieurs commendataires, date de la fin du XVe et du début du XVIe siècle. Remarquable par sa monumentalité et des décors intérieurs, il a servi de logement du clergé paroissial au XIXe et au XXe siècle, jusqu’à sa fermeture en 1993.
Le Narthex du XIIe siècle
Le narthex, parfois appelé avant-nef, est un espace de transition entre le profane et le sacré. Apparu au début de l’ère chrétienne, le narthex est un espace privilégié pour ceux qui ne pouvaient pas pénétrer dans l’église comme les catéchumènes (personnes non encore baptisées) ou encore les pénitents. Des baptêmes pouvaient y être célébrés grâce à des fonds baptismaux installés à l’intérieur.
Le narthex de l’abbaye a été ajouté au milieu du XIIe siècle.
Le décor sculpté du grand portail
Le décor sculpté date du second quart du XIIe siècle, en pleine querelle entre Cluny et Cîteaux, sous l’abbatiat de Pierre le Vénérable. Il représente l’Apocalypse. Ainsi, le linteau est orné des douze apôtres et de la Vierge assistée de deux anges. Trois têtes seulement sont en place, tous les personnages ayant été mutilés ou décapités. Les deux extrémités du linteau sont ornées de personnages bibliques et historiques : David, le Roi Boson, l’évêque de Valence et Jean-Baptiste.
Au tympan, se trouve le Christ en gloire et en majesté inscrit dans la mandorle, assis sur la Jérusalem céleste, entouré de deux anges. Ils sont accompagnés du Tétramorphe, symbole des quatre évangélistes. Au sommet de l’archivolte est représenté l’Agneau pascal.
A droite du grand portail, s’ouvre une baie en plein cintre portant trois autres scènes sculptées : un sacrifice d’animaux évoquant les sacrifices du Temple de Jérusalem, les noces de Cana, les six personnages de la Transfiguration.
Décor sculpté du grand portail © Département de la Loire - Guillaume Atger
Classement et premières restaurations au XIXe siècle
Grâce aux dispositions testamentaires du dernier propriétaire privé de l’avant-nef, la restauration du narthex été exécutée entre 1852 et 1854. Les blocs taillés endommagés par l’humidité sont remplacés et la toiture est restaurée. Il est classé au titre des Monuments Historiques en 1862.
Le moulage de la façade nord
En 1887, le Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts décide de procéder au moulage de plusieurs édifices dont la façade nord du narthex de Charlieu. Le procédé préconisé est la technique du moulage à bon creux. Aujourd’hui, le moulage en plâtre fait partie des collections de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris et est présenté dans la grande galerie des moulages.
Les restaurations au XXe siècle
Fragilisé par l’humidité, la pollution et les lichens, l’édifice fait l’objet d’une opération de restauration en 1989. L’Etat commandite le nettoyage de la façade nord du narthex, ce qui contribue à révéler la beauté des décors sculptés et de redécouvrir la couleur qui ornait autrefois le portail.
Un site propriété du Département
SIte classé
